dimanche 28 novembre 2010

Florent - la sombre finale de Marie Laberge

Chers lecteurs,

Je suis un peu triste d'avoir terminé cette série... il me semble que j'aurais pris un quatrième tome et un peu plus de cet univers tellement humain, je me suis fait prendre au jeu et je me sens désormais comme faisant partie intégrante de la famille des McNally.

Florent...c'est étrange, mais je crois que j'aurais donné un autre titre à ce volet. Après avoir lu la dernière ligne, je me suis dit que finalement il n'en est pas du tout le héros principal. Ce roman aurait dû s'appeller Léa ! À mon humble avis, c'est elle,en fait les deux Léa qui en sont le point névralgique. Florent n'y est dépeint que par ses difficultés et sa quête amoureuse alors que l'on assiste au déploiement et à la recherche identitaire des deux Léa. Adélaïde continue d'être le personnage central du roman, elle reste les yeux du lecteur, malgré les difficultés de ses enfants, biologiques ou adoptés. Bien que l'on reste attaché à la narratrice, je dois avouer que j'ai eu l'impression de me détacher un peu de cette héroïne. Je n'ai pas cru à sa nouvelle relation avec Paul qui est un personnage fade aux côtés de cette famille flamboyante, tout comme je n'ai pas cru aux problèmes d'Adélaïde.

Pour revenir à Florent, je ne crois pas qu'il est le sujet du roman, mais qu'il en est plutôt le miroir. Les actions et les grandes quêtes des personnages, Florent les vit. De la maladie à de la quête amoureuse en passant par la quête identitaire, le rapport aux hommes et l'ouverture sur le monde Florent n'a pas un parcours facile dans ce roman. Il est empreint de ce que vivent les autres personnages. À l'instar des enfants d'Adélaïde qui cherchent leur identité en plus de la mort qui viendra happer deux personnages, Florent subit plusieurs revers du destin tout au long de sa quête d'identité dans un monde où les homosexuels n'ont pas leur place.Un récit de vie difficile qui causera bien des blessures à la famille McNally et qui pourtant, continuera d'être animée par le même feu.

Tel que souligné par un article du Voir http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1&section=10&article=18199, ce roman s'ouvre sur le monde. Avec Gabrielle, l'univers familial était limité à l'ile d'Orléans, avec Adélaïde, à Montréal et avec Florent, c'est le monde entier qui s'ouvre aux personnages, soulignons par exemple le personnage de Leah et la recherche de son père, Florent qui devient reconnu à Paris et aux États-Unis et Léa qui tente de se défaire de ses traumatismes afin d'affronter avec conviction son avenir pour ne souligner que ces exemples d'ouvertures vers le monde.

Les récits exposés sont donc les reflets du Québec, des années 1930 à 1970. En ce sens, je peux dire que je serais curieuse quant à la suite que Marie Laberge pourrait faire et je ne peux que lui suggérer l'idée par l'entremise de cette petite critique. Pour moi le début de vie adulte des deux Léa ne sont qu'un début,  non pas une fin. Que deviendront ces jeunes femmes dans le Québec en pleine effervescence des années 70 ? Bien qu'il s'agisse de la génération de nos parents, le récit de vie des petits enfants d'Adélaïde m'intrigue tout autant que de voir Adélaïde en grand-mère et de vivre un peu cette époque folle. De plus, ce prophétique tome permettrait à l'auteure de mettre une peu de lumière sur cette famille qui, dans ce troisième tome a vécu son lot de malheurs. Aussi est-ce parce que j'ai de la difficulté à laisser ces personnages si brillants vivre une si sombre aventure que j'en viens à espérer une suite brillante comme le sont ces personnages ? Toujours si vivants à mon esprit !

Pour conclure ma lecture de cette trilogie, je crois qu'il s'agit de l'une des saga historiques les mieux ficellées que j'ai pu lire tout en représentant l'évolution du rôle des femmes québécoises. Aux détracteurs de Marie Laberge, je leur suggère de lire cette excellente saga. Par contre, il y a certainement parmi eux des lecteurs qui n'apprécieront jamais un roman historique et la légerté de ces lectures. À ces derniers je leur suggère de ne pas lire Marie Laberge qui ne renouvelle pas le genre, mais qui l'adapte à la sauce québécoise.

À bientôt !

1 commentaire:

  1. Chère Mireille,

    Félicitations pour vos billets à propos de littérature populaire, et de la nôtre en particulier avec Marie Laberge en tête. J'ai aussi apprécié la pertinence de vos liens qui soutiennent très bien vos propos.

    Je trouve un peu dommage que les versions originales suédoises des films de la courte oeuvre de Larson soient refaites pour le grand public américain. J'ai beaucoup apprécié les versions traduites. Il semble que cela ne puisse pas satisfaire le grand public américain ou même anglophone. Cela en dit long sur leur état de réceptivité des autres langues et cultures...

    J'espère pouvoir lire encore quelques-uns de vos billets d'ici la mi-décembre et au-delà ! Pourquoi pas ?

    Bonne fin de trimestre.

    PL

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